Darwin Climax Festival J+3 = de l’éclectisme pour sauver les océans et flatter nos tympans

par | 11 Sep 2016 | Tasse de thé culturelle | 0 commentaires

Cette année encore, Jugeote s’est fait un plaisir d’être présente pour l’Ocean Climax Festival, seconde édition du nom. Pendant quatre jours, du 8 au 11 septembre, Darwin, en partenariat avec Emmaüs et la Surfrider Foundation, a fait fort pour engager le débat sur la protection des océans et la fin de notre soumission aux énergies fossiles.

Tables rondes avec Edgar Morin et Nicolas Hulot (invités parmi les plus connus du grand public), présence d’une vingtaine d’associations de protection de l’environnement (Greenpeace, Enercoop, Amnesty International…) et concerts éclectiques, ont été les ingrédients qui ont permis à une large audience d’être sensibilisée aux enjeux de la sauvegarde de notre planète. Music, sciences, art, ride, voilà à quoi nous avons eu droit durant tout ce week-end.

On regrettera juste que ces thématiques essentielles ne drainent qu’un public de convaincus qui donnent un certain goût d’entre-soi et de communautarisme socio-professionnel. Nous touchons peut-être là aux limites de l’initiative darwinesque… Comment faire adhérer les classes populaires , les intéresser, les toucher ? L’écologie révèle une fracture sociale et sociétale. Ceux qui peuvent habiter à proximité de leur lieux de travail, ceux qui peuvent consommer bio… Et les autres… Ceux qui dépendent de leur voiture, ceux qui sont obligés de s’éloigner pour se loger moins cher, ceux qui se nourrissent de produits cancérigènes, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’être écolos. Un débat qu’il serait bon de mettre sur la table pour la troisième édition.

Mais parce que la musique est notre langage commun à tous, place au son !

Ce samedi ne dérogeait donc pas à la règle d’une programmation éclectique et exigeante. Après avoir accueilli Selah Sue Official Web Site, Keren Ann et Lilly Wood & the Prick la veille, l’Ocean Climax Festival accueillait les têtes d’affiche Air, De La Soul et Cassius.

Après le discours d’Edgar Morin sur la survie de notre civilisation, les premiers festivaliers se sont dirigés dès 18h vers la scène Fresh Vibes pour le premier groupe. Parce qu’on est locavore (belle expression au passage…) à Darwin, Cliché nous vient tout droit… de Bordeaux (comme John & the Volta et JC Satan que nous verrons plus tard). Pendant une bonne demi-heure, le quintet nous a offert sur un plateau leur french pop naïve sous un ciel baigné de lumière. Signe d’une belle soirée en perspective.

Puis est venu le tour de la cold wave de John & the Volta. Mélange androgyne de David Bowie et de Brett Anderson (du groupe brit-pop Suede), le chanteur nous a enchanté par son magnétisme.

Ensuite, direction la grande scène, celle de l’Etat-Major (oui, je rappelle que Darwin est une ancienne caserne militaire) pour le groupe Temples. Des britons qui font dans le psychédélisme et convoquent ça et là les souvenirs des Beatles et des Kinks.

Retournons sur la scène Fresh Vibes. Une des sensations de 2016 nous attend. Grand Blanc, c’est leur nom. Ils sont de Paris et ils sont sympas. Pas dégonflés par quelques aléas techniques en début de set (qui ont fait passé un Grand Blanc parmi le public, ahaha), c’est encore une musique de grande qualité à laquelle nos oreilles ont eu droit. De la synth-pop qui recycle ce qu’il se faisait de mieux dans les années 80 (New Order, Depeche Mode, parmi les totems du genre).

Pour un fan de longue date, oui, il y avait un peu d’impatience à voir et à entendre jouer Air, l’un des joyaux de notre patrimoine musical national (je pèse et soupèse mes mots). Air, représente depuis Moon Safari, la classe et le talent de la french touch (à côté de Phoenix, Daft Punk et… Cassius). Depuis vingt ans déjà, le duo versaillais trousse une electro délicate et cinématographique, à base d’orgue Moog et de featurings de luxe (Beck, Charlotte Gainsbourg…). Ce n’est pas un hasard s’ils ont magnifiquement illustré les films Virgin Suicides et Lost in Translation de Sofia Coppola. Pendant une heure, le groupe a interprété une sorte de best-of de leur répertoire (Alpha Beta Gaga, Sexy Boy, La Femme d’Argent, How Does It Make You Feel…). Une performance assez froide et distante malgré tout qui aurait fait passer les robots de Kraftwerk comme plus humains… On ressort un peu déçus en se disant que cela aurait été la même chose que de passer leur album sur la platine du salon…

Le contraste sonique sera saisissant avec le groupe qui suit. JC Satan, comme leur nom l’indique (ou pas) est un quartet venu de l’enfer. Une musique qui sent le mâle et le mal. Âmes et oreilles sensibles s’abstenir. Une demi-heure de guitares grasses, de claviers farfisa, de batterie qui cogne, qui cogne. On sent le groupe vivant, énergique et diabolique. Une grand-messe garage. A côté, les deux de Air passeraient presque pour des boy-scouts. Un vent de fraîcheur qui redonne du peps pour la suite.

Parce que ce qu’il nous attend, ce ne sont non pas moins que des légendes urbaines des années 90. De La Soul, remember Ring, Ring, Ring, leur méga tube de 1991. Le groupe hip-hop de Long Island, cousin des Arrested Development, Urban Species et A Tribe Called Quest, est précurseur dans le mélange de rap et de jazz. On en aura une belle illustration ce soir. De la générosité et du fun sur scène. Pendant une bonne heure, le groove et les slogans old school mettent le public en transe. Put your hand’s up, we say party !

Le marathon de la soirée se poursuit avec FKJ (French Kiwi Juice). Multi-instrumentiste façon Prince, le MC nous gratifie d’une electro sensuelle et lascive. Du miel pour les oreilles pour une pause musicale bienvenue.

Le clou de la soirée se nomme Cassius. Un autre nom prestigieux de feu la french touch (bien représentée ce soir). Comme l’an dernier avec C2C, le spectacle se termine avec des basses et des samples pour mettre le feu aux dancefloors !

Allez, il est temps de quitter le Climax comme l’an dernier avec un sentiment mitigé. De la bonne musique certes, mais l’on se demande si l’écologie n’est pas un prétexte pour ce genre d’événement. Après tout, les gens viennent pour la musique, s’amuser et se détendre. Le discours anxiogène et politiquement correct de la protection de la planète (rajouter au choix océans, espèces animales, flore marine, littoraux…) passerait presqu’au second plan.

Dans l’ensemble et cela sera le leitmotiv de la soirée, nous avons eu droit à des groupes un peu mutiques et autistes, jouant leur set et pliant bagage dès la dernière note jouée. On aurait apprécié un peu plus de dialogue avec le public. Non pas que nous attendions de leur part un discours sur les enjeux géopolitiques du nucléaire français mais quelques mots sur le pourquoi de leur présence à cet événement. Dommage..

Pour terminer sur une note positive, on se dira qu’il y a enfin un festival d’envergure sur Bordeaux. Et rive droite qui plus est. Qui l’eut cru il y a cinq ans ?

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