Consommer bio, oui ! Mais quel(e) bio ? Là est la question !

par | 22 Oct 2020 | What a biotiful world | 2 commentaires

Co-écrit avec Paul Bureau, cet article a été mis en ligne sur La Référence Bio le 19 avril 2018.
Pour des raisons d’énergie et de temps, j’ai décidé de fermer ce second site dédié, vous l’aurez deviné, au bio, ou plutôt à la bio (vous comprendrez la nuance en lisant ce qui suit) et d’en rapatrier tous les articles dans la rubrique What a biotiful world de Serial blogueuse. Bonne lecture à vous, biotiful people !

Vous vous attendez à voir le logo AB aux quatre coins de ce média ? Vous voulez vous assurer que nous sommes des gens sérieux ? Que la Référence bio mérite bien son nom ? Ne cherchez plus ! En effet, avoir la certification Agriculture Biologique n’est pas la seule fin en soi, d’autres alternatives existent pour garantir la fiabilité d’un produit sain, respectueux autant de celui qui le produit que de celui qui le consomme.
Magasins indépendants, grands distributeurs, institutions, communiquent chaque jour pour que ce mode de production intègre pleinement notre quotidien. Aussi, au moment de lancer cette plateforme, nous sommes-nous posés une question : où en est donc le secteur du bio aujourd’hui ?

LE ou LA bio ?

Mais d’abord, peut-être dites vous « le bio » ou « la bio » lorsque vous traversez les rayons labélisés verts de vos supermarchés, ou devant les étals des marchés de producteurs, voire de vos enseignes spécialisées préférées ? Une  petite explication, en préambule, sur cette distinction des genres s’impose.

La Référence bio donne le La du mode de production bio.

LA bio, une exigence, une vision globale, un mode de vie.

L’Agence Bio, (Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique ) définit « LA bio » comme étant une agriculture soumise à “un mode de production respectueux de l’environnement, du bien-être animal, de la biodiversité et qui apporte des solutions face au changement climatique“.

 « LE bio » quant à lui pourrait représenter une vision bien moins idéaliste, beaucoup plus industrialisée, mondialisée et productiviste que la version féminine. Explications.

Un secteur bio en pleine explosion

Au nombre de 54 000, les opérateurs de l’agriculture biologique peuvent être partagés en trois catégories : 

  • Les producteurs : Premier maillon de la chaine, ils représentent l’essence de l’agriculture biologique. Avec 36 000 comptabilisés en 2017, ils connaissent une augmentation inédite du nombre de producteurs avec plus de 4 400 nouveaux arrivants cette même année.
  • Les transformateurs : 12 000 transformateurs tels que de grandes marques (Bjorg, Jardin bio, Les 2 Vaches …) récupèrent les matières premières fournies par les producteurs afin de les décliner sous leurs différents produits, toujours labellisés AB. La majeure partie des produits finis trouvés dans les grandes surfaces découlent de ces entreprises transformatrices.
  • Les distributeurs : Qu’ils soient de la grandes distribution ou des distributeurs spécialisés, ils représentent la vitrine du bio pour le consommateur. Plus de 4 800 distributeurs se partagent ainsi le marché du bio en France à différentes échelles.

En 2017, on estime à 8 milliards d’euros les recettes globales du bio en France (restauration incluse). Marché en pleine expansion, le bio se veut cependant être plus qu’un circuit financier, il se veut évolutif et surtout responsable. Avec une consommation européenne estimée à 32,6 milliard d’euros, la France se place à la deuxième place dans la course à la consommation bio (les premiers étant les Allemands).

Également présente dans le trio de tête des producteurs bio en Europe, l’agriculture biologique dans l’hexagone a vocation à s’étendre. Recouvrant déjà plus de 6,5% de la Surface Agricole Utile ( SAU ), la cadence est donnée pour convertir l’agriculture du vieux monde vers une agriculture plus responsable.

Les organismes de contrôles

Bureau Veritas, Qualisud, Ecocert, Biotek Agriculture sont quelques exemples parmi les 9 organismes de contrôle des certifications biologiques.

Ecocert, Bureau Veritas, Biotek Agriculture et Qualisud

Des organismes tel que Ecocert, Bureau Veritas, Biotek Agriculture ou encore Qualisud contrôlent au quotidien les opérateurs de l’agriculture biologique.

En France ces 9 instituts se répartissent la promulgation et le contrôle des certifications biologique ( Label AB ndlr ). Eux mêmes certifiés par L’INAO ( L’institut National de l’origine et de la qualité ), ils sont à la fois initiés sous le statut d’association de la loi 1901, ou encore SAS. Tous ces organismes proposent différents services : Certification AOP, Label Rouge, etc. Parmi ces grands groupes (effectivement ils sont tous privés ), on compte des géants de la certification, comme Bureau Veritas qui propose aux côtés de l’optimisation stratégique dans le milieu du gaz et du pétrole, la possibilité de faire certifier votre ferme de carottes. Loin du bio près des chiffres ! Même si la diversité des activités de ces firmes semble discutable, leur implication écologique reste effective.

Sur chaque emballage de produit bio, deux choses sont obligatoires : le lieu de production (UE ou hors UE) et le numéro de code de l’organisme de contrôle sous la forme ( FR-BIO-XX ).

 

Logo bio Européen, Label AB Agriculture biologique

L’attribution de ces labels et certifications se veut procurer un sentiment de fiabilité aux consommateurs. L’action de ces organismes sur les opérateurs de l’agriculture biologique se traduit ainsi. Les organismes de contrôle se doivent inopinément, deux fois par an, de vérifier le bon maintien du cahier des charges des différents producteurs, transformateurs et distributeurs bénéficiant de la certification AB ou Bio Europe. Tâche énorme à vrai dire… Mais est ce que tout le monde est controlé ? Et bien non Jammie !

Les contrôles chez les distributeurs

La grande distribution elle, peut ne pas être contrôlée sur les produits qui sont uniquement stockés sur site, comme pour les produits déjà emballés, provenant directement des transformateurs sur les plateformes de revente. En revanche, si le distributeur décide de faire de la vente de produits en vrac (comme avec les légumes par exemple), elle sera soumise à un contrôle de ses produits par l’un des 9 organismes de contrôle. Cette exemption de contrôle est ainsi définie au paragraphe 2 de l’article 28 de la réglementation sur la revente de produits issus de l’agriculture biologique :

2. Les États membres peuvent dispenser de l’application du présent article les opérateurs qui

revendent des produits directement au consommateur ou à l’utilisateur final, à condition qu’ils ne

produisent pas, ne préparent pas, n’entreposent pas ailleurs qu’au point de vente ou n’importent pas

d’un pays tiers ces produits ou n’aient pas sous-traité ces activités à un tiers.

Pour les distributeurs les plus modestes, il est possible de faire de la revente de produits en vrac sans subir de contrôle, mais pour cela, son chiffre d’affaire ne doit pas dépasser 10 000 € ( Hors Taxe ) par an.

Une Europe plus Le que La

Les certifications institutionnelles, gages de fiabilité

Le Parlement européen en 2008 a insufflé chez les différents États l’élan de la main verte. Mais cela n’a pas été sans conditions. Une acquisition des certifications bio scrutées et des règles administratives se rapprochant de plus en plus de l’éthique commune. Que s’est-il passé 11 ans après la promulgation du premier texte de réglementation général ? Et bien pas grand chose en fait … mis à part quelques modifications d’assouplissement survenues en 2017 et 2018.

L’Europe s’engage également dans le financement de la transition écologique à travers la Politique Agricole Commune. Or, il semblerait que les subventions de l’Europe servent plus à développer les nouvelles industries au dépend des nouvelles initiatives bio. Le principe de rentabilité vient ici côtoyer l’innovations en matière d’agriculture.

L’Espagne et L’Italie en tête de peloton, les pays européens se distinguent inégalement dans la transition agricole écologique. Des pays comme la Pologne jouent le rôle de mauvais élève. La frontière Ouest/Est est encore très marquée et cela notamment en matière d’importation avec un cahier des charges variant entre les États.

Importations en Europe

En matière d’importation la règle est assez simple. Soit on est reconnu comme ayant une réglementation en matière d’agriculture biologique similaire à celle de l’Union Européenne, c’est le cas pour les Etats Unis, l’Argentine, l’Inde ou encore le Canada. Soit on passe par un organisme de contrôle spécifique à l’International qui validera, grâce à un cahier des charges, la bonne possibilité de commercialisation d’un produit.

Or ces dernières années, il s’est avéré que ce système était défaillant. Ce fut le cas de l’Italie qui s’est vu confrontée à des produits importés ne respectant pas le cahier des charge imposé par l’UE. Conséquence ? La commercialisation sous label bio de produits remplis de pesticides.

Pour que cela n’arrive plus, le Parlement Européen a voté ce jeudi 19 avril 2018 un texte de loi encadrant avec plus de rigueurs les règles du bio en Europe et notamment en matière d’importation.

Avec cette nouvelle mesure, les pays exportateurs devront adopter exactement le même cahier des charges que celui de l’Union européenne. La qualité des produits importés devra être identique à celle des produits au sein de l’union.Date d’application, 2021.

La Bio : au-delà d’un cahier des charges, un mode de vie et des convictions

Mais l’interrogation qu’il est légitime d’avoir est : Le bio peut-il se résumer à un label ? Et bien non. D’où l’arrivée de la question sur La bio. Plus qu’une certification ou un cahier des charges, la bio ne doit-elle incarner un mode de vie ? Une façon d’appréhender le monde et la société de consommation ? Vivre bien ce n’est pas seulement vivre bio ! Des alternatives sociales, culturelles et éthiques naissent dans la continuité de ce changement alimentaire comme le végétarisme et le véganisme, qui placent au centre de leurs convictions le bien-être animal et l’impact écologique, induisant un changement total de notre façon de consommer.

Précédemment exposé, le constat sur le bio en France est aujourd’hui assez clair, il se porte bien ! Mais la question se pose maintenant de savoir si l’éthique arrive à suivre la course éreintante vers la rentabilité.

Le grand débat sémantique entre « le » bio et « la » bio laisse aujourd’hui penser une chose : il y a bien une différence entre les deux, mais elle est assez subtile.

Le bio représente le commerce, le marché. La bio émane de l’éthique, du mode de vie.

Le bio vers la bio

Les petits producteurs de LA bio utilisent le label commun AB mais se référent aussi à d’autres comme FairTrade afin de sortir de la vue industrielle. Dans les ruralités, les producteurs vendent de plus en plus leurs produits directement aux consommateurs qui se déplacent et prennent le temps d’aller voir le produit sorti de terre. Ceci permettant également d’échapper aux distributeurs et diverses ponctions sur le circuit final. C’est ce qu’on appelle le circuit court, ou le bio de proximité.

Dans cette simplification de la démarche, le consommateur devient consomm’acteur, choisissant la provenance et la qualité des produits biologiques qu’il consomme. Contrôler soi-même ce qui finit dans son assiette est un aspect majeur de la bio, être conscient de la provenance et la composition de nos produits.

Les labels privés :

Certains ont cependant décidé de se soustraire au diktat des institutions en créant leur propre label, souvent plus strict que les textes français et européens :

Logos Commerce bio et équitable

  • FairTrade : Spécialisé dans la certification de produits importés comme les fruits exotiques, le coton, le cacao ou encore le sucre, il veut mettre l’accent sur l’aspect social. En effet, l’association place le collectif au centre de son action. Décision commune et démocratique, aide au financement de ses membres, c’est un label à la fois écologique et social.
  • Bio Cohérence : Décidé à aller plus loin que le label officiel (AB), Bio Cohérence se veut plus strict dans son cahier des charges. L’interdiction de la cohabitation de cultures bio et non bio, une transformation faite 100% en France et une origine 100% française (hors produits indisponibles dans le pays). Rendre les règles plus rudes pour avoir un produit plus pur, tel est l’engagement de Bio Cohérence. 

Mais il existe également d’autres labels comme :

 

Nature et Progès, Bio Partenaire, Demeter, Ensemble, Equitable

Distributeurs spécialisés

En parlant de Biocoop, cela nous amène à aborder le sujet des distributeurs spécialisés. De plus en plus nombreux depuis ces dernières années, ils représentent pour les consommateurs les moyens les plus sûrs de manger bien & local. Relais entre producteurs et consommateurs, certains se placent en agrégateurs de producteurs. Comme la coopérative Biocoop, d’autres restent indépendants et sélectionnent eux-mêmes leurs produits. Symbole d’une distribution directe, ce marché à taille humaine rentre dans les clous de ce que peut représenter le mode de vie de la bio.

Afin de sortir de la bio-économie, certains imaginent de nouveaux principes. C’est le cas par exemple de la permaculture qui se veut évolutive. Toujours sous les mêmes idées que l’agriculture biologique (respect de  l’écosystème, de la condition animale, des ressources et énergies ) la permaculture prône le retour à la simplicité, tant en matière d’alimentation, qu’en matière de mode de vie. Adieu optimisation et hauts rendements, la nature doit retrouver ses droits.

De multiples (bonnes) raisons pour passer à la bio

Un questionnement majeur subsiste :

Vaut t-il mieux acheter des produits bio qui viennent de l’autre bout de l’Europe ou des produits français s’affranchissant du cahier des charges de l’agriculture biologique ?

Le plus raisonnable serait de dire que consommer bio c’est déjà une avancée et ce pour de multiples raisons :

La santé au coeur du raisonnement

D’un point de vue médical, si manger bio n’enraye pas les cancers, manger bio permet de réduire drastiquement notre dose de poison quotidien. Moins de conservateurs, de colorants, d’additifs, d’agents de saveurs. Là où les perturbateurs endocriniens ont refait surface comme dénoncé dans de récents reportages, la bio a vocation à les éradiquer. La santé de l’Homme, point majeur de la transition biologique.

Le commerce éco-responsable

Savoir ce qu’on achète est aussi primordial. Payer plus aujourd’hui c’est faire des économies pour demain, les dépenses de dépollution et de santé étant réduites. Plus qu’une solution sur le long terme, c’est le moyen d’assurer à soi et au monde qui l’entoure la possibilité de ne plus subir la société de consommation ou les actions de certains groupes.

Les circuits courts, moteurs de la proximité

Les circuits courts sont favorisés dans l’agriculture biologique, pour une raison majeure qui est le commerce équitable. Que chaque acteur de la chaine y trouve son compte. Que ce soit au niveau du producteur, du transformateur, du distributeur. Tous les maillons de la chaine de l’agriculture biologique sont équitablement et égalitairement rémunérés. Le circuit court permet également une traçabilité plus efficace des produits. Jouant sur la transparence, la bio veut être au plus près des gens qui lui font confiance.

La question récurrente du climat et de la planète

Puis, il est évident que l’aspect environnemental occupe une grande place dans l’agriculture, à une époque où la transition énergétique anime le débat publique. Pour aller à l’encontre du changement climatique, elle utilise des techniques peu coûteuses en énergie fossile et des outils respectant la terre et les sols. En face, des industriels polluent chaque jour des hectares de terre afin d’améliorer leurs rendement. Zéro déchet, énergies vertes, ventes en vrac, la question de la durabilité de notre planète et de notre écosystème irrigue également les règles de l’agriculture biologique.

Le bio social et le bien-être au travail

En évoquant les grandes firmes, le bien être au travail figure également dans le cahier des charges de la bio. Faire en sorte que produire pour les autres ne soit plus une tâche pénible. Faire en sorte que l’engagement éthique ne disparaisse pas derrière les conditions de travail inhumaines. L’humain au centre de son oeuvre de production, dans le respect de la planète qui lui permet de se réaliser.

Où allons nous alors ?

Tout ces faits démontrent une chose : le marché de l’agriculture biologique est une machine dont les rouages, s’ils sont parfaitement assemblés, permettent aux consommateurs de pouvoir, en confiance, consommer éthique et sain.

Maintenant reste à savoir si toutes ces louables et vertueuses initiatives sont belles et bien appliquées. La confiance n’empêchant pas la vigilance, telle est la ligne de conduite que va, au fil de ses sujets, suivre la Référence Bio, What a Biotiful World, la rubrique force verte de Serial blogueuse.

Green Powa ! Que la Force soit avec toi !

Photo de Une © Markus Spiske (Unsplash)

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2 Commentaires

  1. simon eric

    Un article riche, passionnant et tout en vert qui nous emmène dans les méandres de la consommation BIO qui peut se révéler dévoyée pour des raisons diverses et autres à contre courant du label LA BIO.
    LA BIO s’enracine au plus près de la nature dont nous nous nourrissons et offre des solutions sociétal et environnemental. Bref un article parfait pour les Néophytes du BIO et de LA BIO.

    Ainsi cela en est fait de la rubrique  » la référence bio  » mais pas de panique car ce n’est pas pour autant que les carottes sont cuites et si vous doutiez de l’énergie d’isabelle la rubrique What a biotiful world vous en convaincra .

    Réponse
    • Isabelle Camus

      Ah ah ah ! Excellent Éric ! Ça aurait carrément fait un super titre ! Ps : La Référence bio n’est pas une rubrique, mais un site que je vais fermer. Et dont les articles que je vais garder, vont intégrer la rubrique What a biotiful World… je sais, c’est compliqué, moi-même je m’y perds 😉

      Réponse

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